Les personnes hypersensibles sont particulièrement sensibles aux biais cognitifs, même sans le savoir. Tu t’es déjà surpris·e à réagir intensément à une situation que d’autres semblent prendre à la légère ? À analyser en profondeur un regard, un mot, une ambiance, jusqu’à en ressentir une émotion physique ? Ce n’est pas dans ta tête, ce n’est pas une faiblesse, c’est un fonctionnement. Et dans ce fonctionnement, il y a un acteur discret mais puissant : le biais cognitif.
Ces petits raccourcis mentaux agissent dans les coulisses de notre cerveau, influençant nos décisions, nos perceptions, nos émotions… sans qu’on s’en rende toujours compte. Pour les personnes hypersensibles, dont le monde émotionnel est riche et finement connecté, ces biais peuvent avoir un impact encore plus marqué. Mais c’est quoi exactement un biais cognitif ? Comment fonctionnent-ils jusqu’à tromper notre cerveau ?
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Un biais cognitif est une distorsion systématique de la pensée, de notre jugement qui nous fait interpréter la réalité d’une manière erronée. Ces biais influencent nos décisions, nos jugements, et nos comportements sans que nous en ayons pleinement conscience. Ils agissent souvent comme des raccourcis mentaux qui nous aident à traiter rapidement les informations, mais à un coût : la précision.
Les personnes hypersensibles, qui perçoivent souvent les émotions de manière plus intense, peuvent être particulièrement vulnérables à ces biais cognitifs. Leurs réactions émotionnelles amplifiées peuvent déformer davantage leur perception de la réalité, entraînant des malentendus ou des prises de décisions qui ne sont pas toujours les meilleures. Ça te semble familier ?
C’est une déformation systématique de notre pensée. Un raccourci que notre cerveau utilise pour traiter l’abondance d’informations qui nous parviennent et nous permettre de prendre des décisions rapidement. Ces mécanismes sont, en soi, naturels et nécessaires. Cependant, ils peuvent entraîner des erreurs de jugement qui influencent nos choix de manière subtile mais déterminante.
Exemple concret
Un produit affiché « 9 € au lieu de 15 € » paraît plus attractif qu’un même produit affiché simplement 9 €. Pourquoi ? Parce que notre cerveau s’est ancré sur le 15. J’imagine que ça t’est déjà arrivé de te laisser tenter par un produit dont tu n’avais même pas besoin et te dire : « Je vais l’acheter car il est en promo ». Moi oui même si maintenant je n’achète que ce dont j’ai réellement besoin. Parfois, on ne réfléchit même pas et il se trouve qu’on ne fait pas une si bonne affaire mais notre mental nous fait croire qu’on a économisé 6 €. Mathématiquement parlant, c’est correct mais peut-être qu’une semaine plus tard ce produit est à 11 € donc on n’a pas gagné tant que ça. Tu vois ?
Les biais cognitifs sont influencés par des émotions, des croyances personnelles et des expériences passées. Alors dans des situations émotionnellement chargées, je ne vous raconte pas…bon si…notre jugement peut être complètement faussé.
Fonctionnement des biais cognitifs et comment ils trompent le cerveau des hypersensibles
Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d’économie et expert en psychologie cognitive, explique que notre cerveau fonctionne selon deux systèmes de pensée :
🧠⚡Système 1 (rapide) : intuitif, automatique, émotionnel
- Fonctionne sans effort et de manière inconsciente.
- S’appuie sur des associations d’idées rapides, utiles au quotidien.
- Efficace mais sujet aux erreurs et biais cognitifs.
🧠🛠️ Système 2 (lent) : réfléchi, logique, rationnel, analytique
- S’active lors d’un effort mental (ex. : résoudre 21 × 76).
- Plus fiable, mais paresseux : il ne se déclenche que si nécessaire.

🔁 Les deux systèmes interagissent, mais le cerveau favorise toujours la facilité. Le système 1 domine, sauf quand on le force à ralentir et à réfléchir.
Les biais apparaissent quand le système 1 prend le dessus… et que le système 2 ne fait pas son boulot de vérification. Résultat : on croit avoir raison, mais on a juste été piégé.
Les biais cognitifs résultent de mécanismes mentaux rapides que notre cerveau utilise pour éviter de traiter une information de manière exhaustive. Ils fonctionnent comme des raccourcis, réduisant ainsi la charge cognitive. Toutefois, ces raccourcis peuvent nous tromper. Par exemple, lorsqu’on prend une décision basée sur une information qui nous est immédiatement accessible (biais de disponibilité), ou qu’on interprète des événements de manière biaisée, influencés par nos émotions (biais de négativité). On verra les autres biais plus tard.
Le fonctionnement des biais est souvent automatique et inconscient donc on a du mal à s’en rendre compte. Il est là le problème.
Les biais cognitifs agissent sur le système rapide du cerveau, celui qui prend des décisions instantanées sans passer par une analyse approfondie. Ce système est utile pour réagir rapidement face à des situations, mais il peut aussi nous tromper. Notre cerveau cherche constamment à simplifier les informations qu’il reçoit, ce qui le pousse à des erreurs de jugement.
Les personnes hypersensibles sont particulièrement sensibles au biais cognitifs
Chez les hypersensibles, l’émotion est souvent plus rapide que la réflexion. Ce n’est pas un défaut, c’est un mode de fonctionnement.
Mais cela rend le cerveau des hypersensibles plus perméable aux biais cognitifs, surtout si :
- On veut éviter les conflits.
- On cherche l’harmonie à tout prix.
- On a du mal à supporter l’incertitude ou l’ambiguïté.
Par exemple, une réaction émotionnelle forte à une situation peut mener à une mauvaise interprétation des faits. Le cerveau va alors « biaisé » cette perception, en se concentrant sur certains détails au détriment d’une vue d’ensemble plus objective. Ainsi, il peut y avoir une tendance à dramatiser, à exagérer ou à mal interpréter les intentions des autres. Tu l’as déjà vécu, toi aussi ? Je peux te dire que parfois même, ça crée des conflits inutiles car on fait d’un petit truc tout une montagne (objectivement parlant mais pour nous ce n’est pas le cas, tout est important) en ce sens qu’une chose en amène une autre et ainsi de suite. Tu vois ce que je veux dire non ?
Le plus souvent, on n’est même pas conscients de ces biais. Ils sont automatiques et inconscients. Mais comprendre comment ils fonctionnent nous permet de mieux les repérer et de mieux réagir face à eux. En effet, comme ils nous poussent à voir le monde d’une manière qui correspond à nos expériences ou à nos attentes, cela peut entraîner des distorsions dans la manière dont on réagit aux événements, en particulier quand on a tendance à hyper-analyser chaque situation émotionnellement.
Pourquoi il est important d’en prendre conscience?
La prise de conscience des biais cognitifs est essentielle pour plusieurs raisons. D’abord, ils affectent notre jugement quotidien, que ce soit dans nos interactions sociales, nos choix professionnels ou même dans la gestion de notre bien-être émotionnel. Comprendre comment et pourquoi nous tombons dans certains pièges cognitifs permet de mieux les éviter.
Pour les hypersensibles, ces biais peuvent avoir un impact plus marqué. Les émotions fortes, qui peuvent déjà occuper une place prépondérante dans la vie de quelqu’un d’hypersensible, sont encore plus influencées par les biais cognitifs. Par exemple, le biais de négativité amplifie les effets des situations émotionnellement négatives, rendant une simple contrariété plus importante qu’elle ne l’est en réalité. Identifier ces biais nous aide à prendre du recul et à réagir de manière plus équilibrée.
Conclusion
Les biais cognitifs font partie intégrante de notre fonctionnement mental : ils nous aident à aller vite, à décider, à filtrer l’infobésité… mais parfois, ils nous jouent des tours. Pour les personnes hypersensibles, dont les émotions peuvent amplifier chaque détail, ces biais deviennent des distorsions encore plus marquées de la réalité. Bonne nouvelle : les comprendre, c’est déjà un premier pas pour mieux les repérer et s’en libérer. Car plus on connaît les règles du jeu de notre cerveau, mieux on peut en devenir acteur·rice, et non simple spectateur·rice. Alors, la prochaine fois que ton esprit s’emballe ou que ton jugement te paraît flou… pense à ce qu’il se passe dans les coulisses. Et surtout, sois indulgent·e avec toi-même. On fait tous comme on peut avec ce cerveau un peu trop malin.
Si cet article t’a plu, partage-le sur tes réseaux sociaux. Et toi, as-tu déjà remarqué que certains biais cognitifs te jouent des tours dans ta vie quotidienne ?
Quels sont les moments où tes émotions s’emballent ? Comment fais-tu pour te recentrer quand ton mental part en vrille ?
🌟 Partage tes astuces ou expériences en commentaire, ça peut aider d’autres hypersensibles à mieux comprendre et gérer ces mécanismes !
Prends bien soin de toi et à très vite pour mon prochain article ! 😉
En savoir plus sur ÉVEIL DES HYPERSENSIBLES
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Un cerveau exacerbé par son environnement et qui prend des raccourcis crée une véritable « salade émotionnelle ».
Merci pour ton article qui permet de prendre conscience de l’importance de ces biais pour ne pas se sentir submergé.
Pour ma part, quand je sens que tout va « trop » : Je me dis « stop, réfléchis, respire »
Merci beaucoup pour ton retour, Ketty !🙏 Tu résumes parfaitement ce que vivent beaucoup d’hypersensibles : ce mélange d’émotions amplifiées et de pensées automatiques qui s’emmêlent comme une vraie “salade émotionnelle”.
Ton réflexe de te dire « stop, réfléchis, respire » est une super stratégie. C’est exactement ce genre de pause consciente qui permet de reprendre le pouvoir sur ces fameux raccourcis du cerveau. Bravo !😉
Mouche !
Je suis hypersensible, hypervigilant, dépendant affectif et hypercréatif. On dit de moi que j’ai même le cerveau très près de la bouche. Ok, j’assume.
En même temps, avec le travail de développement personnel entrepris depuis belle lurette, j’ai réussi à tirer le meilleur de tout ça pour limiter l’impact des biais. J’ai bien dit « limiter ». Mais parfois, j’en vois encore (comme ma femme, d’ailleurs) !
Un vrai travail d’acceptation a été nécessaire car : comment travailler sur une chose que l’on n’a pas acceptée ? Ne pas l’accepter, c’est refuser son existence, et là, ça devient difficile.
Une superbe aventure humaine, pour ma part.
Merci pour ton article.
Merci beaucoup pour ton commentaire, à la fois touchant et plein d’authenticité !😉 Tu poses des mots très justes : l’acceptation est effectivement une étape clé, presque une condition préalable, pour commencer à observer nos biais sans se juger ni se fuir.
J’aime beaucoup ta façon d’assumer tes sensibilités et d’en faire une force, notamment pour limiter l’impact des biais cognitifs. Comme tu le dis si bien, il s’agit de les limiter, pas de les éliminer — et ce chemin-là est en soi une vraie aventure humaine, faite de lucidité, d’humilité et de courage.
Merci encore pour ton partage sincère, et bravo Pascal pour tout le travail accompli ! 👏
Article super intéressant ! Cela m’a rappelé un kōan zen que je développe dans mon dernier article : Un bonze demanda à son maître : « Êtes-vous dans votre cœur ? » Le maître répondit : « Non, je suis dans mon cœur. » — Une réponse qui suggère que l’on perçoit souvent l’autre à travers le prisme de sa propre réalité, sans soupçonner la profondeur d’un monde intérieur qui n’est pas le nôtre.
Merci beaucoup pour ton retour, Sylvie ! 😉 J’adore ce koan zen que tu cites — il illustre à merveille l’idée que notre perception des autres passe inévitablement par le filtre de notre propre subjectivité. C’est précisément ce que soulignent nombre de biais cognitifs : nous croyons observer objectivement, alors que nous projetons nos attentes, croyances et expériences sur autrui. Ta citation ouvre aussi une belle réflexion sur l’altérité et la difficulté d’accéder véritablement à la réalité intérieure de l’autre. Je vais aller lire ton article avec grand intérêt !
Notre cerveau nous joue des tours ! D’où l’importance de bien le comprendre, comme tu le mentionnes, pour déjouer les biais auxquels nous pourrions succomber.
Merci pour cet article empreint de vérité !
Merci pour ton retour Ana ! 🙏
Merci pour ce miroir tendu à nos réflexes mentaux. Cet article, c’est un phare pour hypersensibles en eaux troubles : il éclaire, rassure, et donne des clés pour naviguer au-delà des distorsions. Un vrai souffle de clarté cognitive 🙂
Merci beaucoup pour ton beau partage, Jackie ! J’ai écrit cet article pour éclairer ces mécanismes souvent invisibles qui nous jouent des tours. Comprendre nos biais, c’est comme lever un voile et retrouver un peu de clarté dans le brouillard des émotions. Je suis heureuse que ce contenu t’apporte ce soulagement et cette lumière.😊