Une femme hypersensible tire une grosse chaîne avec fermeté pour symboliser qu'il est temps de dire non à la stigmatisation des hypersensibles. La lumière au loin représente l'espoir.

Stigmatisation des Hypersensibles : un non ferme !

Avez-vous déjà ressenti que vos émotions étaient jugées trop intenses, ou que votre hypersensibilité était incomprise ? Avez-vous déjà senti le besoin de cacher votre hypersensibilité comme si elle était un fardeau, simplement parce que la société ne sait pas comment l’accueillir ? Imaginez une situation banale : une remarque anodine vous touche profondément, et en retour, vous recevez un regard sceptique ou une moquerie. Si ça vous parle, sachez que vous n’êtes pas seul.e.

L’hypersensibilité, souvent perçue à tort comme une faiblesse, est en réalité une caractéristique humaine riche et complexe qui mérite d’être comprise et valorisée. Pourtant, les préjugés à son égard persistent.

Dans cet article, écrit dans le cadre de mon trente-troisième défi de mon projet fou, je vous invite à explorer ce qu’est vraiment l’hypersensibilité, pourquoi elle est mal comprise, et comment nous pouvons collectivement changer radicalement notre perspective. Ensemble, disons non à la stigmatisation une bonne fois pour toutes !

Depuis les années 1990, la psychologue américaine Elaine Aron a popularisé le concept de « haute sensibilité » (Highly Sensitive Person ou HSP), offrant une nouvelle grille de lecture pour ce trait de personnalité. Ce tournant a permis de distinguer l’hypersensibilité des troubles psychologiques tels que les névroses et les psychoses, avec lesquels elle était souvent confondue. Alors que Sigmund Freud la considérait comme une forme d’hystérie, Carl Jung, dès 1913, y voyait déjà un trait de personnalité distinct.

Le concept d’intelligence émotionnelle

La reconnaissance scientifique de l’hypersensibilité peut également être rapprochée du concept d’intelligence émotionnelle, exploré par deux psychologues américains Peter Salovey et John Mayer au début des années 1990. Leurs recherches ont jeté les bases des théories et outils qui allaient populariser cette notion, notamment à travers

le modèle de Bar-On et l’ouvrage de référence du Dr Daniel Goleman. Ce psychologue et journaliste scientifique (Phd Harvard University) a introduit le concept de QE (Quotient Émotionnel), désormais largement utilisé pour évaluer la performance sociale et émotionnelle, particulièrement dans les organisations.

Cependant, il est essentiel de ne pas confondre hypersensibilité et intelligence émotionnelle. Cette dernière implique non seulement la capacité à percevoir et comprendre ses propres émotions et celles des autres, mais aussi à les utiliser pour construire des relations harmonieuses et prendre soin de soi. À l’inverse, une hypersensibilité mal gérée peut devenir difficile à vivre, tant pour la personne concernée que pour son entourage, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle.

Le Haut Potentiel Émotionnel (HPE)

Malgré ces avancées théoriques, l’hypersensibilité reste souvent mal comprise et marginalisée. Selon le psychiatre Nicolas Lhomme, il n’existe toujours pas d’outil de diagnostic objectif pour évaluer ce qu’il appelle le « haut potentiel émotionnel ». Pourtant, les manifestations sont bien réelles : une réactivité émotionnelle exacerbée, une sensibilité sensorielle hors du commun et une empathie parfois envahissante.

Contrairement aux idées reçues, l’hypersensibilité n’est en aucun cas une faiblesse. Bien comprise et acceptée, elle représente une richesse émotionnelle qui peut enrichir la vie personnelle, professionnelle et sociale. Mais pour parvenir à cette acceptation, il est encore nécessaire de déconstruire de nombreux préjugés.

La science moderne commence à dévoiler les bases biologiques de l’hypersensibilité, mais les réponses restent fragmentées.

Des recherches génétiques

Des recherches génétiques suggèrent que des variations sur le chromosome 17 pourraient influencer la production de sérotonine, un neurotransmetteur lié à la régulation émotionnelle et qui influence l’humeur. Donc les personnes hypersensibles pourraient avoir une prédisposition biologique. Pourtant, comme le rappelle le psychosociologue Gilles Azzopardi, l’hypersensibilité ne peut être réduite à une seule molécule. La complexité des émotions humaines dépasse largement les simplifications biologiques. De plus, certaines études suggèrent qu’il existe des facteurs génétiques pouvant influencer également le degré d’hypersensibilité, bien que l’environnement joue également un rôle important.

Lorsque des gènes influencent les comportements ou les émotions, leur effet se manifeste donc généralement par des processus cérébraux.

Des explications neurologiques

Les neurosciences éclairent également l'hypersensibilité en étudiant l'activité cérébrale des Hypersensibles.
Les neurosciences éclairent également l’hypersensibilité en étudiant l’activité cérébrale.

Des études de neuroimagerie ont observé une activité accrue dans les régions du cerveau associées à l’empathie affective et à la perception sensorielle chez les Hypersensibles. Cependant, ces travaux sont souvent limités par la taille de leurs échantillons et ne fournissent donc pas une base suffisante pour des conclusions générales.

En 2014, la neuroscientifique Bianca Acevedo et cinq de ses collègues de l’Université de New York ont mis en évidence un lien entre la sensibilité et l’activation de certaines régions cérébrales. Les personnes ayant une sensibilité plus développée montrent une activation plus forte de zones liées à l’intégration sensorielle, à la conscience et à l’empathie.

Une autre étude, publiée en 2016 par une équipe internationale de chercheurs suisses, allemands, américains, autrichiens et britanniques, a révélé qu’un réseau neuronal émotionnel, comprenant notamment l’amygdale (une région clé dans le traitement des émotions), s’active davantage chez les femmes les plus sensibles lorsqu’elles entendent des cris d’enfants. Pour elles, ces cris sont perçus comme particulièrement désagréables, engendrant un sentiment de surcharge émotionnelle, accompagné de signes d’agacement et de réponses physiologiques au stress.

Cependant, ces avancées doivent être nuancées. Mathilde Chevalier-Pruvo, psychosociologue, met en garde contre l’obsession de la « biologisation ». Réduire les traits humains à des explications génétiques ou neurologiques simplifie à outrance une complexité fondamentalement humaine. À l’instar d’autres caractéristiques, l’hypersensibilité résulte d’un mélange subtil entre des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Cette tendance risque de déshumaniser ces caractéristiques naturelles en les réduisant à des modèles simplistes.

Au cœur de l’hypersensibilité réside une empathie débordante, qui se décline en deux formes :

  • L’empathie affective : ressentir les émotions des autres.
  • L’empathie cognitive : comprendre ces émotions.

Les psychopathes, par exemple, ont une empathie cognitive élevée mais une empathie affective faible, ce qui leur permet de manipuler sans remords. Les Hypersensibles, à l’inverse, ont souvent une empathie affective intense, parfois au détriment de leur stabilité émotionnelle. Cette particularité, si elle est mal gérée, peut conduire à une surcharge émotionnelle. Donc il est important de comprendre ces nuances pour mieux appréhender la complexité de l’hypersensibilité.

Mais ne nous y trompons pas : cette profondeur émotionnelle est une force. Elle permet aux Hypersensibles de nouer des liens riches et authentiques, de créer avec intensité, et de percevoir des nuances que beaucoup ne remarquent pas. Cette aptitude à percevoir les émotions avec une profondeur inégalée est sans aucun doute une richesse que la société gagnerait à reconnaître. Encore faut-il savoir la gérer quand elle vous submerge. Pour ce faire, cliquer ici.

Devriez-vous parler de votre hypersensibilité ? Ce dilemme est récurrent. Dans une société qui valorise la maîtrise de soi et la résistance émotionnelle, avouer sa sensibilité accrue peut être perçu comme une faiblesse. Cependant, la réponse à ce dilemme dépend fortement du contexte et de l’environnement. Dévoiler son hypersensibilité peut être un levier pour expliquer ses réactions et créer des espaces relationnels plus sains. Mais attention aux remarques comme « Je vais faire attention à ne pas te blesser », souvent teintées d’une ironie malveillante. Il est crucial de choisir des moments et des interlocuteurs bienveillants pour partager cette part de soi. Parfois, il est préférable de gérer ses émotions en privé, surtout si l’on se trouve dans un milieu où cette sensibilité n’est pas comprise.

Choisir de parler de son hypersensibilité dépend donc du contexte et de la relation. Pour beaucoup, la solution réside dans une gestion équilibrée : reconnaître son hypersensibilité sans la laisser définir entièrement son identité. L’essentiel est de garder une vision positive de soi, indépendamment du regard des autres. Il s’agit de transformer cette hypersensibilité en un atout précieux, malgré les préjugés sociaux.

Les Hypersensibles devraient apprendre à transformer leur hypersensibilité en atout plutôt que de chercher à la cacher systématiquement. Voici quelques pistes :

Conclusion

Il est temps de changer notre regard sur l’hypersensibilité, de dépasser la stigmatisation des Hypersensibles et de promouvoir une acceptation authentique de cette diversité émotionnelle. Ce trait n’est ni un handicap ni une anomalie et encore moins une pathologie. C’est une richesse humaine à célébrer. En comprenant mieux les nuances de cette sensibilité et en l’acceptant sans jugement, nous pouvons créer une société plus inclusive. En changeant notre manière de percevoir et d’accueillir cette caractéristique, nous pouvons non seulement améliorer la qualité de vie des Hypersensibles, mais également enrichir notre société dans son ensemble.

Oserons-nous valoriser l’hypersensibilité comme une qualité qui enrichit nos relations, nos créations et notre humanité ? Comment allons-nous réécrire les règles de l’acceptation et de l’inclusion ? C’est entre nos mains que repose le choix d’une acceptation authentique.

En attendant, embrassons notre sensibilité et faisons-en une force pour construire une société plus tolérante et inclusive, permettant à chacun de vivre pleinement son identité. Le monde a besoin de personnes comme nous, capables de ressentir et de percevoir avec une intensité unique.

J’espère que cet article va vous faire réfléchir. Pour éclairer d’avantage ce débat crucial, partagez-le avec toutes les personnes hypersensibles ou non. Mais surtout commencez à vous acceptez tel.le que vous êtes si vous ne l’avez pas encore fait. (Jespère que oui !).

Vous êtes merveilleux.se. Merci de faire partie de cette aventure !

Dites-moi ce que vous avez pensé de cet article dans les commentaires, j’ai hâte de lire vos retours ! Et si vous souhaitez faire de votre hypersensibilité une force, je vous invite à me contacter, je serai ravie de vous accompagner.

Et mon défi dans tout ça ?

Ce sujet, bien que crucial, a été à la fois un défi simple et compliqué à aborder. Simple, car il est évident que la stigmatisation de l’hypersensibilité doit cesser, et pourtant, le traiter s’est avéré bien plus complexe. Démystifier ce phénomène, déconstruire des idées reçues et faire face à des préjugés enracinés demandent de l’effort et de la persévérance. Ça m’a permis de réaliser combien il est difficile, mais aussi essentiel, de faire évoluer les mentalités pour parvenir à une véritable acceptation. Ce défi, bien que difficile à relever, reste un pas nécessaire vers une société plus empathique et compréhensive.

À très vite pour mon prochain défi ! 😉

Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager.

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